Oreilla / Orellà

Oreilla (en catalan Orellà) est située dans le centre du département des Pyrénées-Orientales en Catalogne Nord. Sur le plan historique et culturel, la commune est dans le pays de Conflent, correspondant à l’ensemble des vallées pyrénéennes qui « confluent » avec le lit creusé par la Têt entre Mont-Louis et Rodès. Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par la rivière de Cabrils, la ribera d’Èvol, la rivière de Poujols et par divers autres petits cours d’eau. Incluse dans le parc naturel régional des Pyrénées catalanes, la commune possède un patrimoine remarquable : deux sites Natura 2000, trois zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique. Le canal d’irrigation vieux de plusieurs siècles est également d’un grand intérêt.

Petit village, aussi bien par la faible extension de son urbanisme que par son nombre d’habitants. Moins isolé que les autres villages des Garrotxes, il est plus près d’Olette, ce qui rend la vie plus simple. Il se compose d’une route qui y serpente en montant, le grand lacet qu’elle décrit permettant d’avoir deux ou trois rues transversales qui montent bien.

Ces rues sont courtes et piétonnières, elles sont très étroites, souvent elles ont des marches pour être mieux utilisables. Les maisons sont pour la plupart très anciennes, construites en pierres sèches jointes au mortier. L’église romane est superbe, très bien mise en valeur. Le village a conservé son lavoir qui est en marbre rose, ce qui est assez rare.

Oreilla a la chance d’avoir un territoire terriblement grand, il s’étend sur de nombreux hectares. Possède aussi les quelques hameaux de la Vall de Feu, partagé entre autre avec Olette, qui sont autant de but de balades à pieds ou à VTT.


Oreilla,  vue aérienne

Oreilla, vue aérienne


Les hameaux d’Oreilla

Lorsque apparaît Oreilla dans l’histoire, son territoire portait sur l’ensemble de la montagne sur laquelle le village est adossé. Or des hameaux s’étaient spontanément créés tout autour de cette montagne. C’est ainsi qu’Oreilla avaient cinq hameaux : Guixa, Tourol et Bordull à l’Ouest, Celra et Océnias au Nord.

Celra

Le hameau s’était construit autour d’une tour carrée qui lui a donné son nom (Celra, de “Cellera”, signifiant “enceinte fortifiée”).  Citée comme possession de l’abbaye St Martí del Canigó, cette tour et son hameau fut inféodé à la vicomté d’Evol le 29 juin 1340. En 1383 elle lui appartenait toujours. Son utilité était évidente : Elle servait de communication entre le château d’Evol et celui de Railleu. Celra disposait d’une église dédiée à Ste Cécile. Aujourd’hui en ruine, l’histoire nous a légué une partie du chevet semi-circulaire et quelques pans de murs. Elle a un appareillage plutôt irrégulier, ce qui pousse à la situer au XIe siècle. Il semble également qu’elle ait eu une chapelle latérale, un arc en atteste. Le village qui s’était formé au pied de ce petit château a disparu tout comme lui, il n’en reste absolument rien de nos jours.


Bordull

Bordull est de l’autre côté de la montagne, vers l’Ouest. Proche de Railleu, le hameau était doté d’une église dédiée à Ste Colombe. Ses habitants avaient défrichés une grandes quantité de terres et en avaient obtenus des droits d’usage. Ces terres étaient initialement des possessions de Railleu et d’Ayguatébia.
Les seigneurs de Railleu possédaient des terres à Bordull. Au XIVe siècle quelques actes nous présentent des personnes de ce hameau : Jean de Bordull prête hommage pour sa possession d’un manse sis à Bordull à Bernard Guillem, de Villefranche. Un certain Arnald de Bordull avait créé des fondations pieuses en 1263. Pierre de Bordull fut procureur du roi en 1313.
De nos jours il ne reste de ce hameau qu’une simple maison entretenu. On voit bien qu’il s’agit d’une résidence secondaire, voire d’un casot aménagé. Les murs sont toujours en pierres sèches, les portes et fenêtres sont en bon bois et le toit, lui, laisse plutôt à désirer.


Guixa

s’agit d’un ancien hameau de la Vall del Feu sur la rive gauche, aussi appelé Vitesano, probablement du nom de la famille principale y habitant. Au XVIe siècle son dernier propriétaire, Dalmau Colomer, le quitta pour se fixer à Olette. Ses héritiers la vendirent en 1657.
En français, on écrit Guicha (pour ceux qui l’ignore, le “X” se pronoce “Ch” en catalan) De nos jours les quelques maisons ont été partiellement réabilité.


Tourol

Hameau d’Oreilla, la seule information dont je dispose sur Tourol est une indication datant du début du XXe siècle : Ce hameau n’y était habité qu’en période des travaux des champs. De nos jours il s’agit d’une simple maison cantonnière, comme l’atteste un panneau sis à ses abords. Elle est fermée habituellement, mais il y a un bureau et probablement les restes d’une maison d’habitation. Il faut savoir qu’autrefois se dressait là un petit hameau de plusieurs maisons, quelques familles y vivaient, mais il faut bien voir que la configuration des lieux ne permet pas l’élevage ni l’agriculture, donc il n’est pas si étonnant que ça que ce hameau ait été déserté rapidement.



Situation et accès

Orellà est le premier village des Garrotxes, cette zone montagneuse et déserte située au Nord de la Têt, entre Olette et Mont-Louis. Pour s’y rendre, il faut prendre, au départ de Perpignan, la Nationale 116 en direction de l’Andorre. A Olette une bifurcation part vers la droite en direction d’Oreilla, qui se trouve à 10 minutes de voiture à partir de là. Il faut compter en tout une bonne heure pour s’y rendre.



Histoire

Les toutes premières informations que l’on a sur ce lieu date du 20 juin 1019. La comtesse de Cerdagne Guisla, dans son testament, indique les limites du village : A l’Est, la rivière d’Evol, au midi les champs d’Erola (Canaveilles), à l’Ouest la Coma Vinya, au Nord les hauteurs de la Clariana. Par ce testament, la comtesse cédait la seigneurie d’Oreilla et ses dépendances à l’abbaye de St Martin du Canigou. Elle se gardait toutefois les hautes et moyennes justices. Un deuxième acte daté du 11 novembre 1020 précise ces frontières.
Ensuite on retrouve Oreilla au XIVe siècle, alors une possession du vicomte d’Evol. Dans un soucis d’efficacité, le vicomte avait décidé de faire communiquer ses deux châteaux : Celui d’Evol et celui de La Bastide (construit à partir de 1342). Pour ça il fit bâtir une tour à Oreilla, près d’Olette, sur les hauteurs. On parlera désormais de la tour d’Oreilla.

Par la suite c’est l’abbaye de St Martin du Canigou qui acquit les droits de justice et militaire sur Oreilla. L’abbaye avait également un moyen de communication entre Oreilla et elle : la tour de Goa. Les habitants d’Oreilla obtiennent au XVIe siècle l’inféodation de la montagne de Bordull, dont l’acte est daté du 20 mai 1532. Il fut donné par l’abbé de St Martin du Canigou, Jacques Sirach, seigneur des lieux de Aureliano (Oreilla) et de Salrano (Celra), de Guissano (Guixa) et de Bordoll (Bordull).
Peu à peu, les hameaux d’Océnias et de Bordull disparaissent, trop peu peuplés. Les habitants d’Oreilla prétendirent aux droits des hameaux pour eux mêmes, d’où la naissance d’un conflit entre ce village et les communautés d’Ayguatébia et de Sansa. Le 2 germinal de l’an IV, le juge de paix du canton d’Olette reconnut aux habitants d’Oreilla la possession d’une portion du territoire de Railleu appelé le bac de Bordull, mais il fut reconnu peu après que ce droit n’était pas fondé.
A une époque plus récente, en 1817 le canal d’irrigation du village fut creusé, apportant l’eau nécessaire à la culture agricole. Les divers documents concernant Oreilla l’orthographient différemment : “Locus de Aureliano”, “Aurella” par exemple.


Paroisse d’Oreilla

L’église d’Oreilla était consacrée à Ste Marie. Citée dès 1070, on la retrouve en 1435 en tant que dépendance de la juridiction spirituelle de Ste Cécile, une autre église située un peu plus haut en altitude sur le flanc de la colline. Ste Cécile était desservie par un curé qui avait juridiction sur Ste Marie d’Oreilla, Ste Colombe de Bordull et sur tous les habitants des environs. Architecturellement elle est de style roman catalan, mais elle est trop englobée dans les constructions récentes pour que l’on puisse en retrouver des traces exploitables. Elle contient un exceptionnel antépendium de style byzantin peint au XIIe siècle sur du parchemin, ainsi qu’une croix processionnelle en argent du XIVe siècle, des retables du XVIIe consacrés à St Sébastien, St Roch et à la Vierge (celui du maître-autel). Deux petits retables proviennent de l’ancienne église de Celra, ils sont consacrés à Ste Barbe et St Lin. A noter que Ste Barbe est la patronne des forgerons, qui est à mettre en relation avec la présence de minerai de fer dans la région.

Mais la population déclinant, la paroisse de Celra fut annexé à celle d’Evol. Il fallut attendre 1559 pour que le curé d’Evol fasse une demande d’autorisation de baptiser à Ste Marie d’Oreilla, ce qui lui fut accordé. Dès lors elle fut reconnue église paroissiale, et elle l’est toujours de nos jours. A cette occasion, on fit creuser dans les murs une petite chapelle. L’église fut rénovée et agrandie en 1878.


St M d'Orellà
St M d’Orellà

Population

Le fotgage de 1358 nous indique que Guixa, Aurella, Celra et Bordull comptaient 22 feux, soit une soixantaine de personnes en tout, et qu’ils étaient taxés à hauteur de 17 livres et 12 sols pour 8 mois seulement.
La peste du XIVe siècle eu raison d’une grande partie de la population et on retrouve uniquement 4 familles pour Aurella, 3 pour Guixa et 3 pour Celra en 1385. En 1440 Celra ne comptait qu’un seul habitant, et encore très âgé, Bordull était dépeuplé et Guixa avait encore 2 habitants. Or à partir du XVIe siècle la population grandit. Mais en même temps les pillards protestants français, fuyant les conséquences de la St Bathélémy, ravagèrent la région. Tout naturellement les nouveaux habitants se concentrèrent sur les grandes villes et les hameaux furent peu à peu abandonnés au profit d’Oreilla.